IDEL, COMPTEZ-VOUS !

Depuis 2000 à nos jours, le nombre d’IDE a augmenté proportionnellement beaucoup plus vite que la croissance démographique en France, d’après toutes les statistiques officielles. Par ailleurs, nous assistons à un transfert de masse des infirmiers salariés vers l’exercice libéral.

L’évolution des effectifs des infirmiers en France en 2017

Comme l’indique les derniers chiffres officiels du ministère des solidarités et de la santé, sur 681459 infirmier(e)s sur la France entière (outre-mer inclus), il y a 122 341 libéraux ou mixtes (soit environ 17,95% du total de la profession infirmière).

Au regard de l’évolution des chiffres depuis le début du 20ème siècle, les effectifs continuent de croître de façon importante, tant pour le nombre total d’IDE, que surtout pour le nombre d’IDEL ou mixtes.

Sur les 122 341 infirmier(e)s en exercice libéral ou mixte, il y a 102 123 femmes (soit environ 83,47%) et 20 218 hommes (soit environ 16,53%).

Leur âge moyen est de 44,4 ans et la densité est de 183,3 IDEL ou mixtes par tranche de 100 000 habitants sur tout le territoire national.

L’activité se décompose très majoritairement avec 68 475 infirmier(e)s en cabinet individuel (soit environ 55,97%) et 42 202 en cabinet de groupe (soit environ 34,50%).

Une comparaison avec l’effectif infirmier en 2014

Selon les mêmes sources statistiques, il y avait 616 573 infirmier(e)s sur la France entière, donc 103 309 IDEL ou en exercice mixte, soit environ 16,76%.

Ce qui est plus bas qu’en 2017 avec 17,95%. Cela confirme donc que malgré un affaissement de l’augmentation générale des effectifs infirmiers, le secteur libéral a encore le vent en poupe.

L’âge moyen est de 44,6 ans (notez un léger rajeunissement en 2017 et 44,4 ans), ceci étant dû toujours à l’arrivée massive d’IDE plus jeunes essentiellement venus du secteur public.

La densité était de 157,1 IDEL ou mixtes par tranche de 100 000 habitants. Par rapport au 183,3 de 2017, cela représente une augmentation significative de 26,2 infirmier(e)s sur 4 ans.

L’activité était déjà très majoritairement en cabinet individuel avec 57 268 infirmier(e)s (soit environ 55,43%) et en cabinet de groupe avec 35 795 infirmier(e)s (soit environ 34,65%).

Pourquoi y-a-t-il tant d’infirmières et d’infirmiers qui se tournent vers le libéral ?

Ce début de siècle se caractérise par le “ras-le-bol” des IDE salariés du public et du privé et par une migration massive et croissante vers l’exercice libéral.

Quelques explications de cette défection du travail en structure : dégradation des conditions de travail, manque de reconnaissance professionnelle, mauvaise gestion des plannings, rémunération peu motivante …

Autant il y avait une pénurie générale d’infirmiers libéraux remplaçants jusqu’en 2004/2005, autant certaines régions sont aujourd’hui saturées, ce phénomène s’étant grandement développé surtout depuis 2008.

A noter également, les effets de l’avenant n°1 (arrêté du 17/10/2008) et de l’avenant n°3 (arrêté du 25/11/2011) de la Convention Nationale des Infirmiers, établissant pour la première fois, un zonage des infirmières libérales et des infirmiers libéraux.

L’objectif est toujours le même : améliorer la répartition de l’offre de soins et lutter contre les “déserts médicaux”.

Cette tendance est à nouveau confirmée sur l’évolution de la progression de l’effectif des IDE libéraux depuis 2012.

En effet, dans ces fameuses zones sur-dotées, il n’y a plus d’installations possibles (sauf départ en retraite, cession de patientèle), donc tous les nouveaux IDE qui débarquent en libéral chaque mois, sont condamnés à effectuer des remplacements.

De surcroît, sur un potentiel de cabinets qui est volontairement limité, tout en sachant que toute possibilité de création de nouvelle patientèle est donc proscrite.

Avec trop d’IDE remplaçants, le nombre de remplacement à pourvoir, baisse significativement dans certains secteurs. Rajoutez à cela, le nombre croissant de services hospitaliers qui ne peuvent plus embaucher, faute de budget et de gestion “rigoureuse”, la profession d’infirmier(e) subit la sombre perspective de “POLE EMPLOI” avec déjà plus de 5 400 inscrits en 2009.

Par ailleurs, ces mêmes zones sont tellement sur-dotées, que beaucoup de cabinets peinent à développer leur patientèle, car le ratio “IDEL installé(e) – patients potentiels”, devient franchement défavorable à cause du sureffectif professionnel.

Il parait urgent, voire vital depuis plusieurs années, de revaloriser cette profession, pour rééquilibrer les effectifs et leur répartition, de façon à répondre au mieux, à l’évolution des besoins de soins de la population, tant en structure qu’à domicile.

Rappelons à nos amis technocrates et décideurs de tous bords, en France comme en Europe, que les soins au domicile des patients effectués en exercice libéral et “sous-rémunérés” à l’acte, coûtent bien moins chers à notre collectivité, que toute activité en structure avec des soignants salariés…

 

Source: Direction de l’administration centrale des ministères sanitaires et sociaux (DREES ou Direction de la Recherche des Etudes d’Evaluation et des Statistiques)

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