PRISE EN CHARGE DE L’ENFANT A DOMICILE : LA PATIENCE, CLEF DE VOUTE DU SOIN

Pour les infirmières libérales, la prise en charge des enfants à domicile n’est pas toujours une démarche aisée. Elle requiert une certaine approche et beaucoup de patience pour appréhender à la fois le petit patient et ses parents.

Les soins que les infirmières libérales sont amenées à dispenser aux enfants sont divers et variés : prises de sang, injections, pansements post-opératoires. « Nous pouvons aussi assurer le suivi des petits patients qui ont un cancer avec les prélèvements pré-chimiothérapies ou encore effectuer les soins en lien avec la pose de cathéters externes », explique Pascale Lejeune, infirmière libérale à La Rochelle. Les infirmières peuvent également prendre en charge des enfants diabétiques de type 1 ou encore des fins de vie. « Finalement, chez l’enfant, nous avons toutes les prises en charge que nous assurons auprès des adultes, rapporte-t-elle. Mais la dispense des soins doit être adaptée. Il faut savoir user de patience et de psychologie, à la fois pour les enfants mais aussi pour leurs parents. »

Savoir prendre son temps

« Souvent les parents sont stressés et peuvent transmettre leur stress à leur enfant qui devient alors angoissé », poursuit l’infirmière. Pour permettre une prise en charge optimale, il faut savoir prendre son temps, ce qui permettra d’en gagner par la suite. C’est pourquoi le premier contact avec l’enfant et les parents est primordial. Il s’agit d’un moment pour les écouter, les informer des soins qui vont être réalisés, du déroulement de la prise en charge et pour les rassurer. « Cette première prise de contact permet généralement d’instaurer la confiance entre le soignant, l’enfant et ses parents », indique Pascale Lejeune.

Mais il arrive que les parents ou les enfants soient malgré tout angoissés. Dans ces cas-là, il ne sert à rien de dispenser les soins, ce serait délétère pour tout le monde. « Mieux vaut prendre le temps de réexpliquer le soin, de laisser l’angoisse passer et de retourner au domicile ou de demander aux parents de venir au cabinet plus tard. » conseille l’IDEL.

Appréhender la douleur

Pour appréhender l’angoisse des enfants et des parents, il est impératif d’agir sur la douleur, généralement la source du stress. A titre d’exemple, « je ne fais aucun prélèvement sanguin sur les enfants sans patch anesthésique, précise Pascale Lejeune. Ce type d’acte chez les enfants est vraiment compliqué. Il y a un risque de ne pas piquer dans la veine si l’enfant bouge par crainte d’avoir mal. Et il est difficile, justement à cause de la douleur, de s’y reprendre à plusieurs fois. Pour éviter ce cercle vicieux, le patch permet, lorsqu’on pique, que ce soit indolore. » C’est bénéfique à la fois pour ce soin, mais aussi pour ceux à venir, car l’enfant n’aura plus d’appréhension. Pour les pansements, il est possible de mettre un antalgique si la plaie est douloureuse. Il s’agit finalement pour l’IDEL d’agir en prévention sur l’appréhension de la douleur.

Concernant le cas spécifique de l’accompagnement de la fin de vie d’un enfant, la qualité d’écoute des soignants est primordiale « d’autant plus que très souvent les parents sont dans une forme de révolte, tout à fait compréhensible indique Pascale Lejeune. Il est impératif qu’ils soient rassurés sur la prise en charge de la douleur. » Et de poursuivre : « dans 80% des cas, les soins palliatifs sont réalisés avec l’Hospitalisation A Domicile (HAD) qui dispose de psychologues. Nous pouvons alors demander à ce que les parents bénéficient d’un accompagnement par ce soignant. » Les IDEL qui en ressentent le besoin ne doivent pas non plus hésiter à demander à bénéficier d’un accompagnement si ce type de soins est difficile pour elles. Elles peuvent aussi demander des conseils pour savoir comment accompagner les parents au mieux. « Il ne faut pas non plus hésiter à demander à une collègue de prendre le relai lorsque cela devient difficile, souligne-t-elle. C’est l’avantage de l’exercice en cabinet de groupe, nous pouvons nous soutenir ! »

User du jeu

Pour aider l’enfant dans le soin, l’une des techniques que les infirmières peuvent utiliser est le jeu car « à partir du moment où l’enfant est occupé à autre chose, que nous rions ensemble, faisons des blagues avant et après le soin, cela permet de mieux faire passer la douleur qu’il peut ressentir pendant le soin », explique Pascale Lejeune. L’infirmière fait également participer les enfants et les parents aux soins. « Par exemple, lorsque j’ai un pansement à réaliser, je lui demande d’être mon assistant et de tenir les pansements, le désinfectant, rapporte-t-elle. Le fait de lui donner un rôle dans la réalisation de ses soins l’occupe à autre chose. »

Facturer avec une majoration

Ce type de prise en charge prend du temps mais pour autant il n’existe pas de cotation spécifique pour les enfants. Toutefois, « depuis l’avenant 6, nous bénéficions d’une majoration pour la prise en charge d’un enfant de 7 ans et moins, coté 1 MIE (Majoration Infirmier Enfant), soit 3.15 euros à chaque passage, rappelle Pascale Lejeune. Cette majoration a été bien accueillie par la profession car il s’agit d’une reconnaissance du temps passé dans la prise en charge des enfants alors qu’auparavant, nous n’avions rien. »

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