Le marathon des négociations avec l’Assurance Maladie, qui aura duré presque deux ans, vient de prendre fin.
Enfin, ils ont trouvé un compromis. Les 116 000 infirmiers libéraux et l’Assurance Maladie négociaient depuis juillet 2017 une mise à jour de leur accord conventionnel. Mardi dernier, ils ont obtenu une ultime rallonge de 65 millions d’euros, et vont donc toucher 365 millions d’euros de rémunérations supplémentaires en trois ans. Estimant avoir été malmenés ces derniers temps, ils sont parmi les derniers à obtenir une revalorisation de leurs tarifs après les médecins, les kinés, les sages-femmes, les pharmaciens, les dentistes…
« On sort du tunnel, mais je n’irais pas jusqu’à dire que nous sommes fous de joie », commente Daniel Guillerm à la Fédération Nationale des Infirmiers. L’un des objectifs des négociateurs était de favoriser le virage ambulatoire du système de soins, autrement dit, sortir les patients des hôpitaux pour les soigner en ville et les maintenir à domicile.
« Cela a pris du temps, car nous avons eu du mal à obtenir des mesures structurantes telles que l’amélioration du bilan de soins infirmier », explique les syndicalistes.
La charge en soins prise en compte
Ce bilan s’adresse aux patients dépendants, qui vont être de plus en plus nombreux. Les infirmiers libéraux traitent les trois quarts des personnes âgées de plus de 75 ans, pour une dépense de soins de 2.4 milliards d’euros par an.
Alors que le gouvernement cherche à développer des modèles de tarification déconnectée du volume d’actes, le bilan de soins infirmiers se transforme en forfait journalier – ce qui signifie que l’infirmier pourra revoir trois fois par jour son patient âgé pour le même tarif, si la situation l’exige. Certains actes tels que la prise de sang, qui étaient réalisés dans ce cadre sans être réellement rémunérés, vont désormais être cotés séparément. Il y aura aussi une rémunération spécifique si le patient est diabétique.
« C’est un changement de paradigme. Nous ne sommes plus payés à l’acte. De plus, alors que nos actes étaient valorisés en fonction du temps passé, on va prendre en considération la charge en soins », explique Ghislaine Sicre du syndicat Convergence Infirmière, qui espère que cela permettra aux infirmiers d’obtenir la « juste valeur » de leur travail. Elle regrette cependant que la surveillance post-opératoire ait été insuffisamment revalorisée.
Les aides à l’installation
Par ailleurs, les conditions d’installation des infirmiers vont être revues, avec l’adoption d’une nouvelle carte de l’accès aux soins infirmiers. Les aides à l’installation seront concentrées sur 1.7 % des infirmiers au lieu de 5%. A l’inverse, une surface couvrant 28.4% de la population française sera fermée au conventionnement, car il a déjà trop d’infirmiers sur place.