DANS LES CITES, COMMENT FAIRE SON METIER EN TOUTE SERENITE

Exercer au sein d’une cité peut s’avérer compliqué pour les infirmiers libéraux. L’insécurité qui sévit au sein de certaines d’entre elles implique de prendre des mesures de sécurité pour pratiquer sereinement.

« Dispenser des soins dans certaines cités n’est pas toujours évident reconnaît Abdel Benamara, président du Conseil Départemental de l’Ordre Infirmier de la Seine-Saint-Denis et IDEL à Bagnolet. On m’a déjà cassé ma voiture, d’autres infirmiers subissent des insultes, des agressions physiques. » Loin du cliché, la pratique libérale au sein d’une cité oblige les infirmiers libéraux à faire preuve d’une certaine vigilance car les risques de violences et d’agressions sont plus fréquents que dans les quartiers pavillonnaires.

Conduites à tenir

Des fiches sur les conduites à tenir et les actions possibles en cas d’agression sont accessibles sur les sites internet de l’Ordre Infirmier et des Unions Régionales des Professionnels de Santé (URPS). Plusieurs aspects sont à prendre en compte. Tout d’abord, si le cabinet infirmier est localisé au sein même d’une cité, « certaines personnes peuvent penser qu’il y a de l’argent, du matériel informatique, des feuilles de soins, des médicaments à voler, énumère le président de l’Ordre. Il est donc indispensable de renforcer la sécurité autour du cabinet. »

Un immeuble avec un gardien est idéal mais loin de faire légion en cité. Il est donc conseillé d’investir dans des mesures de protection : portes blindées, système d’ouverture par interphone, idéalement, installation d’un vidéophone ou d’une caméra de surveillance. La caméra est également utile au sein même du cabinet, dans la salle d’attente, pour contrôler ce qui s’y passe lorsque l’infirmière dispense des soins dans la salle dédiée. Abdel Banamara recommande aussi de recevoir les patients au cabinet uniquement sur rendez-vous afin de contrôler les entrées et les sorties.

Anticiper les risques

Pour l’exercice en tant que tel, il est impératif d’anticiper les risques. « Il faut toujours être prudent lorsqu’on arrive dans une cité en voiture, prévient le président de l’Ordre Infirmier de la Seine-Saint-Denis. Les portes du véhicule doivent être bien verrouillées, aucun sac à main, aucune sacoche, aucune feuille de soins ne doivent être visibles au risque de se faire casser les vitres. » Idem lorsque l’infirmière circule, les portières et les fenêtres doivent être fermées afin d’éviter tout risque d’agression.

« Lorsque le soignant est contacté par un patient, il doit noter ses coordonnées très précisément afin de visualiser le domicile en amont et s’y rendre directement lors des soins, souligne Abdel Benamara. Si l’infirmier tourne en rond en voiture dans la cité, certains peuvent se demander ce qu’il est en train d’y faire. » Lorsqu’il est amené à dispenser des soins en cité, le président de CDOI 93 ne prend jamais rien avec lui. « Je ne prends pas ma sacoche car j’ai fait en sorte de laisser tout le matériel nécessaire chez mon patient afin de ne pas attirer l’attention, indique-t-il. Car il y a toujours des voyous dans les halls d’entrée qui regardent ce que l’on transporte avec nous. »

Ne pas répondre aux provocations

Abdel Benamara conseille fortement, lorsque c’est possible, de dispenser les soins le matin car « souvent il n’y a personne au pied des immeubles, souligne-t-il. A partir de 13 heures, le quartier change, les groupes de jeunes commencent à surveiller les allées et venues. » Dès que la nuit tombe, il faut vraiment faire davantage attention. « Certains infirmiers sont harcelés car les bâtiments sont contrôlés par des jeunes qui font la loi », explique Abdel Benarame.

Il recommande de s’y préparer et de ne pas répondre aux provocations, aux menaces et aux injures. « Peut-être qu’à force d’y aller, ils savent qui l’on est, mais il faut toujours se méfier. » De même, la violence des patients ou de leur famille est plus fréquente dans les cités. « Il ne faut bien entendu ne jamais être agressif car cela peut se retourne contre nous. » prévient-il.

Dans tous les cas, si l’infirmier a des craintes, mieux vaut ne pas aller y exercer. Si l’IDEL est contacté par un patient, il peut l’orienter vers un autre cabinet. « Mais personne ne veut se rendre dans certains quartiers, par peur, signale le président de l’Ordre Infirmier 93. C’est ainsi qu’ils deviennent des déserts médicaux. C’est malheureux car des patients se retrouvent isolés pour cette raison alors qu’ils vivent aux portes de Paris. »

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